La nature et l’homme à l’image de Dieu

A 6 jours de la COP21, le plaidoyer d’un évêque anglican, à Paris.

 Ayant troqué le traditionnel col ecclésiastique blanc contre un col vert, Mgr Nicholas Holtam, évêque anglican de Salisbury, est venu situer la création et sa sauvegarde comme enjeux de la COP21, le 24 novembre 2015 au collège des Bernardins.

Mgr Holtam est le nouveau responsable pour les questions écologiques à la conférence des évêques anglicans, et il le montre. Avec un pragmatisme tout britannique, il a ancré son intervention dans l’expérience concrète de son Eglise. Ayant déjà provoqué des audits énergétiques de paroisse, avec des résultats concrets, il a engagé un programme pour réduire de 80% l’empreinte carbone de son Diocèse. Il est, en effet, persuadé que c’est en faisant que l’on apprend. Et il a encouragé la quarantaine de pèlerins du climat partis de Londres vers Paris, à pied, le vendredi 13 novembre, le jour même des attentats de Paris qui l’ont bouleversé.

Partant des textes de la Genèse, il constate que nous sommes faits pour être bons : « et Dieu vit que cela était très bon ». Notre relation à la création (jardin d’Eden) est de « la servir et la préserver » selon une traduction plus juste. Et cette sauvegarde de la création fait partie de la mission évangélique des chrétiens. D’ailleurs, nos différences de confessions ou même de religions paraissent bien minimes par rapport à l’enjeu climatique, sur lequel toutes les religions convergent.

Car le dérèglement climatique constitue un problème moral, par son impact sur les plus pauvres. Nous sommes la première génération qui ne pourra plus dire qu’on ne savait pas !

Mais c’est aussi un problème spirituel. Ne pas agir parce que le problème paraît trop difficile à résoudre, c’est céder au désespoir. C’est se condamner à faire comme les alcooliques anonymes, c’est-à-dire à essayer de réagir quand on aura touché le fond. Alors que l’espérance peut nous entraîner : « nous ne sommes pas au centre de notre propre histoire ». Et quand cet évêque marié, père de quatre enfants, affirme que notre motivation proviendra de l’amour pour nos enfants, pour Dieu et pour la création, cela prend un relief particulier.

Dans le débat, il est apparu que la COP21 interpellait sur un « programme du bonheur ». Il faut découvrir que notre bien-être ne dépend qu’en partie du développement économique. D’ailleurs, nos enfants n’ont plus notre optimisme sur les vertus du progrès technique. Ils apprennent à vivre différemment, avec, peut-être, une économie active où la croissance du bien-être pourrait remplacer celle du PIB. Mgr Holtam a donné l’exemple de la négociation de l’Eglise anglicane avec les lobbies « carbonnés », suspendant les investissements financiers dans ces secteurs tant qu’ils n’auront pas la transparence sur leurs impacts et sur leurs efforts vers les énergies renouvelables.

Avant de conclure par une prière commune, il a affirmé sa conviction que nous étions arrivés à un tournant, rejoignant la déclaration de Mgr Brunin en décembre dernier, sur le « kairos » : le moment favorable à saisir.

Prière pour les négociateurs du climat (Desmond TUTU)

Dieu Créateur,

Vous nous avez appelés à être les gardiens de votre Terre ;

Par cupidité, nous avons établi une économie qui détruit le tissu de la vie.

Nous avons changé notre climat et sommes noyés dans le désespoir.

Laissez fluctuer les océans de la justice,

Puissions-nous apprendre à maintenir et à renouveler la vie de notre Mère la Terre ;

Alors qu’ils se réunissent à Paris pour les négociations sur le climat

Puissent-ils négocier avec sagesse et équité,

Puissent-ils agir avec compassion et courage,

Et nous conduire sur le chemin de la justice pour le bien de nos enfants et des

enfants de nos enfants.

JHB

 

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