Mgr Leborgne : « La source vive est dans le lien au Christ »

Dans la foulée de son ordination épiscopale, le 6 avril 2014, Mgr Olivier Leborgne, nouvel évêque d’Amiens, nommé le 20 février dernier, a participé à l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes.
 

Première Assemblée, premières impressions ?

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J’ai trouvé que les évêques faisaient preuve d’un sens fraternel très fort. J’ai été sensible aux échanges, vécus dans une vraie liberté de parole. A 100, ce n’est pas toujours simple ! Enfin, j’ai pris beaucoup de notes sur les dossiers comme celui sur la formation des séminaristes et sur la préparation au mariage. Je sens que je vais devenir évêque par l’exercice de cette nouvelle mission.
 

Quel souvenir gardez-vous de votre ordination épiscopale ?

C’était un magnifique moment. J’ai eu des échos par des amis et des membres de ma famille, et maintenant par des Samariens – habitants de la Somme. La cathédrale pleine, joyeuse comme elle l’était, ce n’est quand même pas très fréquent. C’était pour tous un moment très fort. A présent, il faut aller à la rencontre des gens, commencer à accueillir, à découvrir et peut-être à prendre quelques décisions.
 

C’est le Carême : comment colore-t-il votre nouvelle mission ?

La conversion, ce n’est pas un moment de la vie chrétienne : c’est notre identité. Elle la structure. Nous sommes profondément des êtres en conversion. Le dimanche avant mon ordination, l’évangile de l’aveugle-né se termine par cette parole de Jésus : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question » (Jean 9, 39). La finalité de l’Incarnation est de nous remettre en question : c’est la conversion. J’ai beaucoup demandé de prier pour ma conversion, pour que je sois toujours un homme qui se laisse convertir par Dieu. Le Carême a marqué ce temps où j’ai appris, porté et prié pour ma nomination.
 

Comment allez-vous à la découverte du diocèse d’Amiens ?

D’ici l’été, je voudrais rencontrer tous les ministres ordonnés, tous les responsables de services diocésains. Le premier conseil épiscopal post-ordination aura lieu dans quelques jours. Nous prendrons les décisions ensemble. Je sens que ce conseil est très riche. Je vais m’appuyer sur son expertise. J’arrive avec un nouveau regard. Mais il n’apportera que si je sais entendre aussi ce conseil dans ce qu’il connaît du terrain, dans ce qu’il m’indique comme priorités.
 

Quelle est votre devise épiscopale ?

« Serviteur, à cause de Jésus » (Corinthiens 4, 5). Je crois que tout est dans l’union au Christ. Pour tous les baptisés, pas seulement les consacrés. Alors sans doute pas de la même manière pour une mère de famille, une Carmélite ou un jeune au collège. L’évangile de Jean rapporte cette parole : « Hors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5). C’est soit la parole d’un gourou et à ce moment-là, il ne faut pas l’écouter. Quand on sait qui est Jésus, c’est la parole de la source vive. Je crois vraiment que la source vive de l’humanité est dans le lien au Christ. Si je rentre dans cette union, comme dit le pape François aux catéchistes, « au moment-même où le Christ m’attire à Lui, il me décentre de Lui. Le Christ n’existe pas pour lui-même, mais pour se donner au monde ». Et donc, quand il m’attire à lui, c’est pour que je me donne avec lui au monde. Cette union à Jésus ne m’installe pas dans un « toi-moi-nous » gentillet. Elle me provoque à aller avec Lui, en Lui, par Lui, dans le monde, pour l’aimer, pour lui dire la Bonne Nouvelle du Christ, pour le servir.
 

Vous avez été nommé par le pape François. Est-ce quelqu’un qui vous inspire ?

Pour moi, le Pape choisi était forcément le bon. Avant même qu’il soit présenté, j’étais très content du choix des cardinaux. Ce Sud-Américain a un langage extrêmement direct et simple. Mais sa simplicité n’a rien de simpliste. Il est tellement habité par ce qu’il dit ! C’est très stimulant. Sa personnalité me touche.

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