La rentrée universitaire du Centre Sèvres-Facultés Jésuites de Paris

24 mars 2017 : P. Etienne GRIEU, nouveau président du Centre Sèvres, facultés jésuites de Paris. Paris (75), France.Le Père Étienne Grieu, jésuite, docteur en théologie et agrégé de géographie a pris, à la rentrée 2017, la tête du Centre Sèvres-Faculté Jésuites de Paris. Il évoque les enjeux, les programmes et les grandes orientations de l’année 2017-2018. Entretien avec le nouveau président de l’Institut d’enseignement et de recherche de la Compagnie de Jésus.

Vous avez pris vos nouvelles fonctions de président au sein de l’institution en septembre 2017. Comment vivez-vous cet évènement ?

J’étais jusqu’à présent doyen de la Faculté de théologie et directeur du 3e cycle. En parallèle de mes fonctions de président, j’ai choisi de continuer l’enseignement. Je préfère ne pas abandonner les cours sur les sacrements, la théologie mariale ou l’Espérance pour rester connecté à la réalité concrète du Centre Sèvres-Faculté Jésuites de Paris.

Combien d’étudiants poursuivent-ils leur scolarité universitaire au Centre Sèvres ?

Il accueille trois-cents étudiants du premier au troisième cycle, et dans divers cursus. Deux-mille auditeurs libres s’inscrivent et suivent un ou plusieurs cours de leur choix et n’ont pas d’examens finaux à valider. Les conférences, colloques et tables-rondes animées chaque mardi soir, sont un grand succès puisqu’elles ont attiré 6000 personnes pour l’année universitaire 2016-2017.

Le nombre d’inscriptions a-t-il progressé pour cette rentrée universitaire ?  

Nous avons constaté une légère augmentation du nombre d’étudiants dans tous les cycles. Notre politique n’est pas de chercher à recruter des étudiants car nos locaux ont une capacité limitée, et nous avons atteint notre taille optimale. Il faudrait développer un nouveau type de projet si nous voulions augmenter considérablement le nombre d’étudiants.

Quel est le profil des étudiants ?

Ce sont principalement des religieux ou des religieuses. Nous sommes un centre dédié au service à la vie religieuse en France et dans le monde entier. Les 90 jésuites qui étudient à Paris viennent de nombreuses provinces différentes. Et 50% de nos étudiants sont étrangers.

Le Centre Sèvres est une institution mondialement reconnue dans l’étude, la recherche en philosophie et la théologie. On peut même affirmer qu’il s’inscrit dans le réseau mondial des universités jésuites…

Le Centre situé à Paris, est l’un des cinq grands centres de formation de la Compagnie de Jésus dans le monde avec l’Université pontificale grégorienne à Rome, le Boston college aux États-Unis, l’Institut pontifical de Pune en Inde et l’Université pontificale de Comillas en Espagne.

Dans le cursus proposé, vous offrez la possibilité de poursuivre un parcours intellectuel basé sur la pédagogie personnalisé…

Nous finalisons le « chantier » de la pédagogie en essayant de rendre les étudiants acteurs de leur parcours. Nous devons sans cesse nous adapter aux évolutions d’Internet. Le rapport à l’écrit change.

L’axe principal de l’année est intitulé : « Quelle mission au service de l’Église et de la société ? » Pourquoi ce choix ?

Un des objectifs du Centre Sèvres est de former des ouvriers apostoliques, des personnes prêtes à devenir des missionnaires, des pasteurs de leur communauté ou des ministres ordonnés. Cela demande une très grande attention aux questions de société et au monde contemporain. Nous prenons en compte les enjeux de société.

La conférence inaugurale du lundi 18 septembre sur les identités et le métissage soulève de nombreuses problématiques contemporaines…

La conférence de rentrée, donnée par l’universitaire mexicain, historien et anthropologue, Alfonso Alfaro Barretto, porte sur le thème des identités et du métissage. Les questions de mondialisation, de mobilité des personnes et de phénomène des migrations sont des enjeux importants. Cela amène à approfondir à évoquer les notions de brassages et métissages culturels. Ces identités culturelles co-existent sur un même territoire, ce qui provoquent des rencontres heureuses mais aussi des phénomènes d’angoisse, d’inquiétude et d’insécurité. On se pose aussi des questions d’identité : Qu’est-ce qu’être Français ? Qu’est-ce qu’être chrétien en Europe ?

Le programme universitaire de l’année aborde les sujets éthiques, culturels et spirituels, pouvez-vous nous indiquer quelques conférences qui mettent en perspective ces enjeux de société ?

Le thème de la session du premier cycle sera  : « L’utopie, réactiver l’imagination » car nous percevons de manière négative l’utopie. Si nous n’accordons plus de place pour le rêve, l’humanité se dessèchera-t-elle ? La session de rentrée du second cycle portera sur l’eschatologie car ce thème de la fin du monde réapparait dans les films. Il vaut la peine de se demander ce que dit la foi chrétienne à ce sujet.  D’autres thèmes comme : « le populisme et les démocraties », « vivre l’Espérance de Laudato Si » ou « la vérité en philosophie » croiseront ces enjeux contemporains.

Le Centre d’étude chinois (Département Institut Ricci) a mis en place un cycle de conférences et des cours de mandarin. D’où vient ce fort partenariat ? Pourquoi le pérenniser ?

Un lien fort uni historiquement les jésuites français et la Chine depuis le 19e siècle. Trois missionnaires jésuites sont toujours installés là-bas et deux d’entre eux voyagent régulièrement entre la France et la Chine. L’Institut Ricci propose des cours de mandarin et une initiation à la culture chinoise avec une série de conférences intitulée : « Chine plurielle ». L’attention de ce cours portera sur les relations entre la Chine et des acteurs puissants comme les États-Unis, le Japon ou la Corée du Sud ou potentiellement puissants comme L’Inde ou l’Afrique. Mais il y a d’autres sujets transversaux à découvrir comme le taoïsme, les routes de la soie ou des approches croisées de méditation spirituelle…

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