Nouveau numéro de la revue Unité des chrétiens : « Invitation aux voyages »

Ce numéro d’Unité des Chrétiens se propose d’envisager les vacances, le repos, le tourisme comme des lieux œcuméniques. Autre fois, le pèlerinage était bien souvent la seule occasion pour les chrétiens de découvrir une autre tradition spirituelle. Sans être délaissé, cet itinéraire spirituel n’est plus le seul moyen. Aujourd’hui, de nombreuses propositions de retraites, de détentes, d’hospitalité, de stages culturels sont au service du dialogue œcuménique. Plus encore, la mondialisation de nos conditions de vies a raccourci nos distances. Les voyages, les séjours à l’étranger, les « co » working, voiturage, location sont devenues des modes de vie et pas seulement des plus jeunes générations. Là aussi, les occasions de contacts œcuméniques se multiplient. Nous sommes heureux de vous les présenter et de leur donner la parole.

P. Emmanuel GougaudIl faut le reconnaître : la Bible ne nous raconte pas de départs en vacances ! Pourtant, nous connaissons bien le commandement du repos du sabbat. Il est initié par Dieu lui-même au commencement (Gn 2, 2-3). Le repos sabbatique est inscrit dans la Loi reçue par Moïse (Ex 35,2). Au temps du travail, succède celui de la « vacance », temps de ce qui est libre et disponible. L’anthropologie biblique évoque ainsi la finalité de l’être humain. Seul Dieu est source de vie et épanouissement de nos existences. Si essentiel soit-il, le travail ne saurait constituer le sens ultime et définitif de la vie. L’homme de la Bible est invité à se reposer, plus encore à entrer dans le repos donné par Dieu. Ce repos est polysémique. Il prend différentes formes. Il ne s’agit plus d’avoir ni de faire mais d’être avec Dieu, ses proches, soi-même, le monde. Nous pouvons alors facilement faire l’expérience que le plus court chemin pour aller de soi à soi passe par l’autre, selon la belle formule du philosophe Paul Ricœur[i].

Le récit biblique de la vie des croyants nous raconte des rencontres. Certaines sont inédites, imprévues tandis que d’autres sont organisées et institutionnelles. Elles peuvent être désirées et souhaitées ou, à l’inverse, craintes et repoussées. Certaines portent immédiatement du fruit alors que d’autres paraissent stériles. En même temps que des rencontres, la Bible nous parle de voyages. De l’ordre de Dieu à Abraham : « Va vers le pays que je te montrerai » (Gn 12,1) jusqu’à l’appel final de l’Apocalypse : « Amen, viens, Seigneur Jésus » (Ap 21,20), le déplacement est au cœur de la révélation divine. Dieu Luimême se fait voyageur au milieu de l’humanité. Nous pouvons même regarder la vie de Jésus sous l’angle du voyage. Jésus part de la Galilée pour monter à Jérusalem. Plus tard, les Apôtres quittent Jérusalem pour aller au bout du monde, symbolisé par Rome. Les chrétiens se savent pèlerins sur cette terre. Ils sont des voyageurs en transit vers le Royaume. Cette situation pérégrinante est assurément plus inconfortable que la position statique. Il est tentant de rester à ce que l’on connaît. Ainsi, le choix de quitter sa zone de confort est toujours à renouveler. De plus, la rencontre de l’autre, différent, étrange, incompréhensible ne peut que nous transformer intérieurement. Nous sommes toujours altérés par l’altérité. Cela ne doit pas nous faire peur. Si la rencontre peut occasionner une part de mort à nous-mêmes, elle génère également à profusion de nouvelles potentialités, des opportunités, des renouveaux.

En ce sens, le mouvement pour l’unité des chrétiens s’inscrit profondément dans cette perspective biblique de rencontres et de déplacements. L’œcuménisme est ainsi invitation au voyage ! Il invite à bouger aux marges et aux frontières de son Église, de sa communauté, de sa tradition chrétienne. Il offre de rejoindre des chrétiens différents pour les découvrir et s’enrichir de leurs traditions spirituelles. Ce numéro d’Unité des Chrétiens se propose d’envisager les vacances, le repos, le tourisme comme des lieux œcuméniques. Autre fois, le pèlerinage était bien souvent la seule occasion pour les chrétiens de découvrir une autre tradition spirituelle. Sans être délaissé, cet itinéraire spirituel n’est plus le seul moyen. Aujourd’hui, de nombreuses propositions de retraites, de détentes, d’hospitalité, de stages culturels sont au service du dialogue œcuménique. Plus encore, la mondialisation de nos conditions de vies a raccourci nos distances. Les voyages, les séjours à l’étranger, les « co » working, voiturage, location sont devenues des modes de vie et pas seulement des plus jeunes générations. Là aussi, les occasions de contacts œcuméniques se multiplient. Nous sommes heureux de vous les présenter et de leur donner la parole.

Dans la langue française, le mot « hôte » possède une double acception. Il signifie à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu. Cette homophonie est hautement significative, particulièrement au niveau spirituel. Les disciples d’Emmaüs en font une brûlante expérience. Le Christ est l’Hôte intérieur par excellence. Que ce temps de l’été soit pour nous tous une occasion de L’accueillir !

Père Emmanuel Gougaud

[i]  Paul Ricœur, Soi-même comme un autre, Paris, 19972, p. 134.

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