Cette année 2017, le Renouveau Charismatique Catholique fête ses 50 ans. En effet, on peut dater précisément sa naissance au cours d’un week-end pour étudiants organisé à l’Université Duquesne en Pennsylvanie en février 1967.

Au cours de cette rencontre, les participants firent l’expérience inattendue d’une effusion de l’Esprit-Saint qui les transforma en profondeur et marqua le début d’une expansion foudroyante de ce « courant de grâce » au sein de l’Eglise catholique. Inspiré à ses débuts par le Pentecôtisme protestant, ce « courant » surprenant a été rapidement accueilli favorablement par les plus hautes instances du catholicisme. Le Pape Paul VI, après avoir chargé le cardinal Suenens de suivre son évolution, reçut les pèlerins du Renouveau à la Pentecôte 1975 à Rome qualifiant ce courant, interprété comme un des fruits manifestes du Concile, de véritable «  chance pour l’Eglise « . Depuis 50 ans, le Renouveau a changé la vie de nombreux chrétiens, laïcs, prêtres et même évêques, et irrigué en profondeur toute l’Eglise. Le Pape François, ayant fait lui-même l’expérience de l’effusion de l’Esprit, a convoqué le Renouveau à Rome pour fêter cet anniversaire à la Pentecôte.

Le Renouveau continue de surprendre, voire de déranger. En effet, au contraire des mouvements habituels, il n’a ni fondateur identifié (hors l’Esprit-Saint lui-même), ni mission ou programme précis. Il est plutôt insaisissable par nature, en tout cas non réductible aux schémas conventionnels. On peut à bon escient y voir une illustration de l’enseignement de Jésus à Nicodème :  » Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jn 3, 8-10). Il s’agit avant tout d’une expérience personnelle de la rencontre avec le Christ, d’une étape spirituelle qui, le plus souvent, transforme la vie. Cette étape, appelée « effusion de l’Esprit », consiste en un renouvellement des grâces du baptême qui se trouvent en quelque sorte réactivées au sein de la personne se livrant librement à l’action vivifiante de l’Esprit Saint. C’est souvent le point de départ d’une vie chrétienne plus authentique, plus intense, marquée par la prière, la communion et le service. J’ai vécu cela lors de ma première session à Paray-le-Monial, alors que je n’étais pas encore séminariste.

Le Renouveau s’est surtout rendu visible à travers les assemblées de prière et les sessions les plus diverses. Le premier fruit de l’attachement personnel au Christ est un amour ardent de la prière. On désire de plus en plus prier, seul et avec d’autres. Les assemblées ont rapidement drainé, partout dans le monde, et au-delà des cultures, des âges et des milieux, un peuple de Dieu assoiffé d’un contact vivant avec le Seigneur, partagé avec d’autres chrétiens. Ce sont des lieux de prière, d’écoute de la parole, d’exercice des charismes, de témoignages, d’approfondissement de la foi, de service mutuel et d’évangélisation.

Au sein même de ces assemblées, souvent hebdomadaires, sont nées, principalement aux Etats-Unis et en France, des communautés répondant à un appel à vivre ensemble au quotidien ces grâces de prière, de vie fraternelle et de mission. C’est le cas de la Communauté de l’Emmanuel, née en 1972, dans laquelle je me suis engagé en 1995, après avoir participé quelques années à un groupe de prière à Cognac où je travaillais.

L’anniversaire des 50 ans du Renouveau est l’occasion offerte par le Pape François, non seulement aux Chrétiens proches du courant du Renouveau, mais à tous les Chrétiens, de demander une nouvelle effusion de l’Esprit Saint. Tant il est vrai que le feu peut retomber et que de temps en temps il faut souffler sur les braises ! Veni Sancte Spiritus !

Mgr Xavier Malle, évêque nommé de Gap