Assomption 2016 : Notre Dame de La Garde

Notre_Dame_Garde_processionMgr Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, le 14 août au soir après la procession de l’Assomption 2016 vers Notre Dame de La Garde:

Comme c’est notre belle habitude, nous sommes montés en procession vers Notre Dame de La Garde. Et nous voici à l’écoute de la Parole de Dieu au cœur de la célébration de la mort et de la résurrection de Jésus le Christ, en ce jour où nous fêtons l’assomption de la Vierge Marie, sa mère. C’est un moment de joie, de paix et de grande espérance. La mort n’a plus le dernier mot ; Christ, le premier des ressuscités accueille en la gloire de Dieu Celle qui lui a donné chair.

Mais nous sommes montés ce soir avec des cœurs plus graves et une prière pour notre pays plus intense. Nous sommes encore marqués par ce qui s’est passé voici tout juste un mois à Nice, le soir de fête du 14Juillet. Et le 26 juillet à St Etienne de Rouvray, l’assassinat d’un prêtre âgé, le P. Jacques Hamel, au pied de l’autel où il terminait de célébrer l’eucharistie nous a sidérés et troublés. Lui-même dans un moment de lucidité a désigné l’ennemi en criant : «  Va-t’en, Satan ! » Mais Satan a poursuivi son œuvre de mort par le bras de ceux qui se croient martyrs de Dieu alors qu’ils ne sont que de sinistres ouvriers de la mort des autres, de la haine et de la division.

Avez-vous prêté attention au difficile texte de l’apocalypse qui a été lu en première lecture ? Il présentait cette scène grandiose de la Femme, ayant le manteau pour soleil, la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Et tout proche le signe d’un grand dragon, rouge feu, posté devant la femme qui va enfanter, afin de dévorer l’enfant dès la naissance. Voilà le tragique de la condition humaine au cœur même de notre foi : ce combat entre la vie et la mort. Nous reconnaissons Marie dans celle qui enfante celui qui sera le berger de toutes les nations. Nous reconnaissons les forces de mort, le Satan dans ceux qui, par peur, par orgueil, par démesure et inhumanité veulent détruire tous ceux qui ne leur sont pas soumis. Déjà, vous vous souvenez, Hérode fera tuer les enfants de moins de deux ans quand il apprendra la naissance du « roi des juifs, du prince de la paix. »

Le drame de l’histoire humaine se poursuit sur notre planète, nous le savons bien. Mais quand cela se passe plus près de chez nous, nous sommes comme effrayés !

Frères et Sœurs, nous ne sommes pas sans ressources ni énergie ! Ce n’est pas la peur qui doit s’emparer de nous mais le sens de nos responsabilités et notre foi en la puissance de l’amour, du pardon et de la fraternité, en la puissance de l’Esprit de Dieu à l’œuvre dans nos cœurs. Après la mort du P. Hamel, nous avons vécu d’émouvantes scènes de fraternité, d’amitié avec de nombreux compatriotes et avec de nombreux musulmans dans des mosquées, des églises ou dans les rencontres de la vie de tous les jours. Un sursaut de fraternité s’est exprimé, des indifférences ont été dépassées, le témoignage de la nécessaire réconciliation a été exprimé et vécu par la communauté chrétienne. Et les journées mondiales de la jeunesse à Cracovie offraient en contrepoint le signe d’une humanité fraternelle, croyante et jeune.

Quand Elisabeth s’adresse à Marie qui vient de la saluer, elle proclame la belle béatitude des croyants : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Ce soir nous nous redisons d’où vient notre joie, notre force, notre sérénité, notre lumière. C’est notre foi en Christ et le programme de fraternité humaine universelle qu’il est venu inaugurer. Il nous redit et nous supplie : choisis la vie, choisis la paix, choisis de faire le bien, choisis la fraternité.

La Vierge Marie, celle qui connait les douleurs d’un enfantement sans fin, nous baigne de ses tendres larmes de Bonne Mère et nous supplie de travailler à l’unité de la famille humaine. Notre prière de ce soir nous y prépare. Nous prions pour notre pays, pour tous les français dans la diversité de leurs convictions. Nous avons été donnés les uns aux autres pour faire pays ensemble. Déjà nous y arrivons. Il faut encore faire mieux et plus. Il faut se regarder comme des concitoyens sincères et heureux. Des occasions nous y aident, comme la coupe d’Europe ou les jeux olympiques. Il en est d’autres dans nos vies de quartiers. Il en est en notre ville de Marseille et dans le diocèse. Le vivre ensemble nous est donné comme tâche et comme beauté. « Oui, qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter ensemble comme des frères » chante le psaume !

Que le Ressuscité soit votre paix, votre sérénité, votre lumière et votre joie.

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