« Le football n’est plus un jeu » par Mgr Dufour

Mgr Dufour - JMJ 2011Voici le temps où notre pays se met à l’heure du ballon rond, c’est la coupe d’Europe de football. Quel jeu merveilleux que ce sport !
Je l’ai pratiqué sur les stades du Nord, passionnément et avec un immense plaisir. Notre équipe de séminaristes faisait bonne figure au championnat universitaire dans la poule « Excellence ».  La troisième mi-temps se prolongeait autour d’un verre et dans une amitié profonde entre joueurs. En ce temps-là, j’aimais soutenir au stade et à la télévision mes équipes favorites, le LOSC et l’équipe de France. Le foot était alors un jeu.

Mais le football n’est plus un jeu. On juge indécent les salaires des grands patrons qui gagnent en un mois ce que l’ouvrier peinera à gagner  en une vie de travail. Mais bien des entraîneurs  en gagnent autant ! Et bien des joueurs sont devenus des marchandises de luxe que l’on vend et achète à coups de millions d’euros. Eux aussi monnayent à prix d’or leurs coups de pied et de tête. Le football est devenu un grand marché.

Et la violence s’en mêle…, jusque dans les tribunes. Comme si l’esprit de compétition qui caractérise le monde de l’économie et des finances gagnait le sport et tuait le fair-play qui caractérise les relations entre beaux joueurs. Ceci dès le plus jeune âge ! Un curé me confiait que parmi les enfants du catéchisme, il peut repérer  ceux qui jouent au football dans un club : ils sont plus individualistes et violents dans leurs relations aux autres. Le football n’est plus un jeu. Obéissant  trop souvent à la loi du plus fort qui fait tant de ravages aujourd’hui et laisse tant de gens sur le carreau, peut-il encore éduquer  au respect de l’adversaire, à l’obéissance aux règles, à la solidarité et à l’esprit d’équipe ?

Pardon de jouer au rabat joie. Suis-je devenu un nostalgique des temps anciens ? Certains le penseront, mais il fallait que je le dise. Cela ne m’empêchera pas d’être un fidèle supporter de l’OM et de l’équipe de France. Un peu de loin quand même, je l’avoue.

 

+ Christophe DUFOUR

Archevêque d’Aix-en-Provence et Arles

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