Décrété par le Pape lorsque le 25 mars, jour de l’Annonciation, est célébré le même jour que le Vendredi Saint, le Jubilé de Notre-Dame du Puy apporte son souffle vivifiant à tout un diocèse. Touristes et pèlerins de toute la France et d’Europe y sont accueillis avec leurs difficultés et leurs espérances. Par Chantal Joly.

Le Père Gobilliard, recteur de la cathédrale Notre-Dame du Puy, raconte avoir vécu le 23 mars, jour J d’ouverture du Jubilé, « un moment très fort et très beau ». 80 prêtres du diocèse entourant leur évêque Mgr Crepy, ont vécu leur Jubilé, une journée de retraite avec célébration pénitentielle symbolisant le fait « qu’ils sont les premiers à avoir besoin de la Miséricorde de Dieu ». Puis ils sont partis en grande procession vers les marches de la cathédrale pour l’ouverture solennelle du jubilé au cours de laquelle ont résonné trois sonneries de chofar (trompe juive fabriquée en corne de bélier) et les Quatre saisons de Vivaldi jouées par un trio de cors d’harmonie. La journée s’est terminée par la messe chrismale, dans une cathédrale archi-comble. Puis il y eut le Jubilé des lycéens, le vendredi après Pâques avec un concert du groupe Glorious et le Jubilé des étudiants, le dimanche 3 avril avec 950 jeunes.

Mais c’est place Saint-Pierre, à Rome, que le recteur du Puy a reçu, le 2 avril dernier, une des grâces les plus inattendues de cette année jubilaire. Le groupe de choristes itinérants « La Route Chantante Sitio », né en 2012 dans la capitale du pays du Velay, y avait été invité pour animer la première partie de la veillée de prière sur la Miséricorde. En tant qu’aumônier, le Père Gobilliard y accompagnait une délégation de 24 personnes. Or, ce soir-là, Maxime et Thérèse, deux jeunes fiancés, ont témoigné et, à sa demande, ont remis au Saint-Père l’écharpe blanche du Jubilé, comme à n’importe quel pèlerin (photo).

Moment marquant de mois jalonnés de dates phares : le Jubilé des Sportifs le 1er mai, celui des Familles du 5 au 8 mai, des Dentellières le 16 juin, des Pompiers le 25 juin, des professionnels de la Justice le jour de la saint Yves, sans oublier, bien sûr, le Jubilé des Pèlerins de St Jacques le 25 juillet. Cette année devrait être, selon le Père Gobilliard « une grande année jacquaire » : près de quatre mois avant, ces derniers sont déjà près de 230…à la messe de 7h !

La culture, porte d’entrée de l’évangélisation
Mais comment colorer de spirituel un attachement patrimonial et atteindre ceux qui se situent de manière périphérique à un tel événement ? «Tout intéresse le Bon Dieu. Ce qui lui fait plaisir, c’est qu’on soit heureux. Redisons à ceux qui culpabilisent parce qu’ils ne placent pas la prière en priorité dans leur vie que Jésus est aussi présent dans l’autre, dans leur famille, leurs loisirs », explique le recteur.

Pour l’ancien directeur de théâtre, forcément, la culture est aussi une porte d’entrée de l’évangélisation. Un spectacle bâti à partir des Confessions de Saint Augustin sera du reste joué tous les samedis de l’été. Le Père Gobilliard souligne combien « la majesté du lieu ainsi que son silence, tout comme l’effort à accomplir pour gravir les marches de la cathédrale » facilitent l’entrée dans le recueillement.

Près de 400 bénévoles se sont rendus disponibles pour accueillir les pèlerins dans l’espace convivial en plein air du « Village du Jubilé » (où ils reçoivent leur « kit » du pèlerin) et les accompagner sur leur parcours qui va de la Chapelle Saint-Alexis à la Cathédrale. Des temps de prière, des messes et des confessions leur sont proposés ainsi qu’une exposition sur l’encyclique Laudato Si’. Sensibilisé par un groupe, Mgr Crepy, qui a suivi des études universitaires en biologie végétale, a souhaité montrer l’exemple en matière d’écologie : gobelets réutilisables pour toutes les boissons vendues au Village, poubelles de tri sélectif et toilettes sèches. Une touche de modernité pour un des Jubilés les plus anciens de l’histoire de l’Église.