Mgr di Falco Léandri : « Les chrétiens persécutés nous donnent une leçon de foi »

couv_livre_noir_chrétiens_dans_le_mondeMgr Jean-Michel di Falco Léandri, évêque de Gap et d’Embrun, a participé à la direction du « livre noir de la condition des chrétiens dans le monde » (XO Editions), avec le Britannique Timothy Radcliffe, o.p., et l’Italien Andrea Riccardi, fondateur de Sant’Egidio. Il signe aussi l’introduction aux témoignages et états des lieux par continent.

Quelle est la genèse de ce livre ?

Il est né à l’initiative de l’éditeur, Bernard Fixot. Il avait publié, il y a plusieurs années déjà « Le livre noir du communisme », qui, je crois, est une référence dans son domaine. A la suite de conversations ensemble, il a décidé de mettre en route ce livre. La première étape a consisté à trouver qui participerait à la direction de l’ouvrage. J’ai pris contact avec Andrea Riccardi parce que j’avais eu l’occasion de le rencontrer par le passé. Nous sous sommes retrouvés tous les trois, avec comme responsabilité de suivre chacun une des trois parties. J’ai suivi la première partie. Ensuite le journaliste Samuel Lieven a fait un énorme travail de mise en forme de l’ensemble. Des témoignages arrivaient. Nous recevions régulièrement les textes des 70 contributeurs pour donner un avis, pour se les approprier, puisque nous avions chacun à présenter une partie. Son travail était important puisqu’il a assuré toute la coordination. Cela a pris deux ans.

Comment a-t-il été reçu ?

Il ne vous a pas échappé qu’il y a dans ce livre des contributions des Musulmans, notamment de l’Imam de Bordeaux, des Juifs, avec le Grand Rabbin de France, et des Protestants par la plume de l’ancien Président de la Fédération protestante de France. Le livre, jusqu’à présent, a été bien accueilli par les médias. Max Gallo, dans Le Figaro, signe une recension très positive. Le livre montre aussi la condition de certaines minorités, qui ne sont pas nécessairement chrétiennes, mais qui subissent aussi des traitements injustes quand ce n’est pas de la barbarie, de la sauvagerie.

Qu’est-ce qui vous frappe le plus comme situation ?

Cela dépasse ce qu’on peut imaginer quant à ce que peuvent subir comme traitement un certain nombre de chrétiens. Parmi tout cela, ce que j’ai noté en particulier, parce que c’est un acte vraiment symbolique, c’est le viol des religieuses. Le viol est déjà un drame. On voit qu’il y a une volonté de violer les religieuses qui ont fait le choix du célibat, un choix de vie que l’on connaît. Il y a véritablement une volonté d’accomplir un acte symbolique qui dépasse le drame du viol en général.

Quel devenir souhaitez-vous pour ce livre noir ?

Ce livre fait quand même 800 pages. Il est une sorte de banque de données ou comme un dictionnaire. On ne le lit pas de A jusqu’à Z. C’est un ouvrage de référence dans lequel on va chercher les informations qu’on aimerait trouver, concernant tel ou tel continent.

Quel est votre message aux communautés chrétiennes en France ?

La première chose que l’on pourrait leur dire quand on découvre la manière dont sont traités les chrétiens dans certains pays, c’est de les porter dans la prière. De prier pour eux et d’avoir la curiosité de savoir ce qui se passe. Quelqu’un me demandait si après avoir lu tout ça, j’avais encore de l’espoir et de l’espérance. J’ai répondu que ce sont eux qui me donnent de l’espérance. Quand on constate leur foi malgré les épreuves et la façon dont ils sont persécutés, ils me donnent de l’espérance. Je pense qu’on peut dire aux chrétiens en France que s’ils lisent la manière dont ces hommes, ces femmes et ces familles vivent, ils nous donnent des leçons de foi. Nous irons prochainement offrir le Livre noir au Pape François. L’édition italienne vient de sortir.

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