Mgr Housset présente « Eglise : quand les pauvres prennent la parole »

bernard_housset_diaconia_lourdesPrésident du Conseil pour la solidarité de la Conférence des évêques de France au moment du rassemblement Diaconia (Lourdes, Ascension 2013), Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle et Saintes, a présenté, le 16 septembre 2014, la contribution du groupe « Place et Parole des Pauvres ».

Merci

Pour tout ce que le groupe « Place et Parole des Pauvres » (PPP) a apporté à la démarche Diaconia, tant pour la préparation que pour le déroulement. Je suis persuadé que, sans ces personnes, nous n’aurions pas vécu cette réelle expérience de fraternité évangélique durant ces trois jours de l’Ascension 2013 à Lourdes.

Merci également pour tout ce que j’ai reçu pendant ces trois ans et demi. Le groupe PPP m’a appris à recevoir de personnes que je ne connaissais pas, que je fréquentais très peu. Grâce à lui, je me suis familiarisé avec des personnes en précarité. Par exemple, j’ose parler avec des SDF qui mendient. Je me suis rendu compte que la parole est plus importante que l’argent.

Je ne peux pas oublier ce qui a été dit, lors de la première conférence de presse, en janvier 2011, par une personne qui a connu la galère de la précarité : « Avoir une parole accessible pour ceux qui sont dans l’Eglise comme pour celui qui fait la manche dehors ». J’y pense chaque fois que je prépare une intervention.

Prise de conscience des pauvretés réelles

Une chose est de lire et d’étudier des rapports, ce que j’ai fait, plutôt consciencieusement. Autre chose est d’écouter en vérité des personnes qui ont vécu ou qui vivent des situations de précarité.

Bref, je faisais partie de « ces gens de bonne volonté qui ne savent pas, parce qu’ils n’ont pas vécu la galère vécue par les personnes des groupes PPP ». J’ai progressé, me semble-t-il, dans ces découvertes et ces familiarisations avec les plus pauvres.

Par exemple « avoir peur quand on attend un enfant que l’assistante sociale vienne pour le prendre et le placer ». Ou bien « je suis une maman à temps partiel ».

Ces personnes m’ont dit qu’elles ont souvent connu la honte : pas écoutées, pas prises au sérieux, méprisées et considérées comme insignifiantes.

                « Etre considéré c’est plus important que d’être aidé »

Ces personnes ont beaucoup à apporter à l’Eglise

Au lieu de nous demander ce qui manque aux pauvres, prenons conscience qu’ils manquent à nos communautés. Celles-ci seront plus évangéliques lorsque les précaires en seront membres à part entière, c’est-à-dire auront une place reconnue pour une responsabilité précise et quand leur parole sera vraiment écoutée.

Passer du « faire pour » au « faire avec ». Il y a encore beaucoup à faire, nous en sommes loin, je le constate dans mon diocèse.

Pourtant, ces personnes ont aussi et surtout une expérience de Dieu à partager, la leur. Je suis persuadé que les humiliés de notre société sont en mesure de nous permettre d’approfondir l’humilité de Dieu, qui est le cœur de son Amour Tout-Puissant.

L’Eglise réalise sa mission non seulement quand les pauvres sont évangélisés, mais aussi quand ils évangélisent. Ils en ont toutes les capacités. En suis-je réellement convaincu ?

Pardon et réconciliation

Bien entendu, personne n’est à idéaliser, les précaires pas plus que les installés dans la vie, les pauvres pas plus que les riches. « Nous sommes tous marqués par l’égoïsme, les jalousies, l’individualisme et le goût des richesses inutiles », selon l’expression d’un membre du groupe PPP. Nous sommes tous en chemin et avons besoin de conversion.

Sur ce chemin, le pardon et la réconciliation sont des réalités essentielles. Je suis marqué par ce témoignage : « c’est le pardon qui crée la plus grande richesse. Sur ce long chemin rempli de ronces et d’épines, d’un seul coup, ça m’a transformée ». Il y a de quoi être marqué, vous en conviendrez !

Les précaires sont aussi en mesure de mieux nous faire sentir les souffrances du Christ. Lors d’un colloque théologique à l’Université catholique d’Angers, j’ai été vraiment marqué par la lecture d’un chemin de croix réalisé par des personnes du groupe PPP. Et pourtant, j’en ai entendu et j’en ai prêché des chemins de croix !

Je suis donc heureux de la publication de ce livre : « Eglise quand les pauvres prennent la parole ».

Mgr Bernard Housset

Evêque de La Rochelle et Saintes

couv_quand_les_pauvres_prennent_la_parole« Eglise : quand les pauvres prennent la parole »

L’ouvrage publié par les Editions franciscaines nous resitue la réflexion et les propositions de ce groupe de travail, lancé en 2010 par les animateurs de la démarche afin de donner la parole à des personnes exclues de la société – et souvent aussi de l’Eglise -, pour qu’elles nous partagent non seulement leur expérience de vie, mais aussi leur pensée et leur spiritualité.

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