En Corée, priorité aux jeunes et aux pauvres

de Berranger Olivier - Saint-DenisA l’occasion d’un séjour en Corée (13-30 août 2014), Mgr Olivier de Berranger, évêque émérite de Saint-Denis, a représenté la Conférence des évêques de France lors du voyage du Pape François. Témoignage.

Dès le mois de mars dernier, un jeune évêque que j’ai connu étudiant m’avait invité dans ce pays où j’ai été naguère prêtre fidei donum. Peu après lui avoir donné ma réponse, l’annonce officielle de la visite apostolique du pape François a été publiée. Quelques jours avant mon départ, Mgr Pontier [Président de la Conférence des évêques de France, NDLR] m’a demandé d’y représenter la CEF. Les médias catholiques ayant largement couvert le déplacement du pape, je me contente de brèves notes personnelles.

La priorité de François était la rencontre de la jeunesse asiatique. Avec 6000 jeunes de 17 pays, il a surmonté l’obstacle des langues par son attention à leurs préoccupations, exprimées au plan spirituel, social, politique. Face à de multiples barrières culturelles et économiques, il a voulu que la voix des jeunes soit entendue dans leurs pays respectifs et dans l’Eglise. Ce sera une semence sur un continent où, malgré la jeunesse des populations, cette voix n’ose parfois guère se faire entendre, ou bien ne rencontre pas d’écho, ou bien est muselée par le système scolaire, l’ambition et la concurrence.

De ce point de vue, en Corée même, la situation est bien différente de celle qu’avait rencontrée Jean-Paul II en 1984. Les étudiants étaient alors le fer de lance de la contestation et les jeunes chrétiens étaient très actifs dans les Eglises chrétiennes (10% de catholiques ; 20% de protestants). Jean-Paul II, déjà, avait marqué en embrassant publiquement un lépreux et un jeune travailleur, ce qui bouleversait tous les standards.

Semblablement, les gestes de François ont touché le peuple coréen bien au-delà des seuls catholiques. Outre l’amour qu’il a constamment montré envers les souffrants, la solidarité qu’il a manifestée ostensiblement envers les victimes de divers drames anciens ou récents, il a voulu laisser aux évêques un message très clair : priorité aux jeunes et aux pauvres.

Gardez l’espérance de la réunification

Un curé de Séoul m’a raconté qu’au cours d’une visite préalable, le cardinal Filoni (Evangélisation des Peuples) avait été mis en présence d’une salle comble de séminaristes et de jeunes prêtres en grande tenue. Le cardinal leur aurait dit  à peu près : « C’est bien, du point de vue statistique, vous êtes des champions. Mais souvenez-vous qu’en France, aussitôt après la Révolution, un pauvre prêtre dans une toute petite paroisse de campagne, a tenu dans la prière et l’offrande de lui-même. Le Curé d’Ars l’un des grands et humbles du sacerdoce. Travaillez à devenir saints, cela n’a rien d’accessoire ».

Les 124 martyrs béatifiés le 16 août sont tous des laïcs, sauf un : Jacques Ju, le premier prêtre – un Chinois – à avoir pénétré en Corée en 1795, quarante-quatre ans avant les missionnaires français canonisés avec 93 autres martyrs en 1984, dont un prêtre coréen. Le martyre de ce pionnier eut lieu à Séoul fin mai 1801. Les deux cardinaux de Hong Kong étaient présents parmi les nombreux évêques (surtout asiatiques) invités le 16 août. Malgré des contacts, les Chinois du continent n’ont pu faire le déplacement.

Enfin, bien sûr, le pape a su parler aux jeunes de la division de la Péninsule qui, en 2015, atteindra 70 ans : « Vous avez la même langue, vous êtes le même peuple. Continuez de soutenir vos frères et sœurs du Nord par la prière et l’aide humanitaire. Gardez l’espérance de la réunification »

J’ai rencontré assez longuement le cardinal Andrew Yeom, archevêque de Séoul. Il a tenu à me redire sa reconnaissance envers les MEP, l’Eglise de France, le Prado. J’ai eu enfin la joie de renouer avec Mgr Philippe Ouedraougou, que j’avais connu aux OPM : il est archevêque d’Ouagadougou. Devenu cardinal en janvier dernier en même temps que Mgr Yeom, à l’issue de la visite du pape, il est venu dans la paroisse qui me recevait, il a eu avec ses responsables un dialogue passionnant sur le catéchuménat…dont la durée est de quatre ans dans son pays et de trois à six mois en Corée. Question de rythme.

Mgr Olivier de Berranger

Evêque émérite de Saint-Denis-en-France

Les titres sont de la rédaction du site

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