Akamasoa, quartier de la capitale de Madagascar

Procession lors de la messe au village d'Akamasoa, quartier d'Antananarivo, à Madagascar.

Procession lors de la messe au village d’Akamasoa, quartier d’Antananarivo, à Madagascar.

Mgr Claude Schockert, évêque de Belfort-Montbeliard, était en août 2014 en mission à Madagascar pour le Secours Catholique. A cette occasion, il a visité Akamasoa, quartier de la capitale Antananarivo, fondé et animé par le P. Pedro Opeka. Directeur du Service national de la Mission Universelle de l’Eglise, le Père Antoine Sondag, qui l’accompagnait, a pu y célébrer la messe.

Depuis 25 ans, le P. Pedro aménage le quartier d’Akamasoa, dont il est à la fois le fondateur, le curé, l’animateur et l’icône. Akamasoa est une attraction à Tana : on vient voir Pedro comme on visite la tour Eiffel à Paris. Et il a toujours un mot gentil pour ces touristes un peu particuliers.

Le quartier d’Akamasoa fait du « développement intégral » : le logement est fourni, les bénéficiaires participent à la construction des maisons individuelles ; adduction d’eau ; assainissement ; écoles ; centres de santé ; cimetière (les plus pauvres n’avaient pas de quoi acheter une concession) ; activités génératrices de revenus ; chapelles …

La décharge à ordures

Tout a commencé par là. Des familles déclassées vivaient de cette décharge, comme c’est le cas dans beaucoup de mégapoles de pays pauvres. Cette vie est insalubre. Ce métier n’humanise pas ceux qui le pratiquent. Pedro a commencé par s’occuper de cette population. Construction de logements en dur au lieu de tentes, écoles pour les enfants pour les sortir de ce métier… C’est le côté le plus spectaculaire et le plus médiatique de son action.

La carrière de pierre

Il existe aussi une carrière de pierre : pavés pour les routes et pierres pour la construction. Les ouvriers, hommes ou femmes, sont payés à la tâche. Sans doute un petit millier de personnes trouvent là un moyen de subsistance.

Les services internes au quartier

Akamasoa est constitué, comme tous les quartiers du pays, en « fokontany » : communauté de base au sein de laquelle se vit une certaine solidarité. De nombreux services facilitent la vie sociale du quartier : nettoyage, services de sécurité, ramassage des ordures, enseignement, cantine scolaire, services communautaires : plus de 400 emplois se trouvent dans ce secteur des services. Et on voit le résultat : aucun enfant ne vient pour mendier, aucun papier ni bouteille ne traîne par terre… Cela fait d’Akamasoa un beau quartier de la capitale. Les maisons ne sont certes ni grandes ni luxueuses, mais elles sont entretenues, les abords sont balayés.

Parmi ces services, il y a un accueil d’urgence de plusieurs centaines de personnes dans la détresse : personnes âgées, mendiants qui veulent se stabiliser, personnes sans domicile qui veulent s’en sortir, personnes avec des problèmes de santé mentale, femmes abandonnées ou qui cherchent un refuge… Comme il y a sur place des possibilités de travail (carrière), et des logements qui se construisent peu à peu, des passerelles existent vers d’autres formes de prise en charge.

Il est clair que cette activité « services internes » avec les services sociaux ne s’autofinance pas. D’autant qu’Akamasoa ne touche pas de subventions publiques. Les frais de scolarisation sont très faibles. Cette activité des services internes est financée par le génie de collecteur de fonds de Pedro.

La paroisse catholique

Pedro est le curé de la paroisse. Il a construit un stade de basket, avec des tribunes très pentues, comme il convient. C’est là qu’il célèbre la messe le dimanche à 8h30. Il y a de la place pour 3000 personnes, et les travées sont remplies. La messe dure trois heures. En malgache. C’est vivant, participatif. On chante beaucoup. C’est enraciné dans la culture malgache. L’homélie est sobre, curieusement assez courte : 12 mn. Le P. Pedro me passe la parole pour que je prêche en français, donc surtout pour les touristes, je le fais en 6 mn. Nous avons baptisé le dimanche de ma présence environ 80 jeunes de 7 à 12 ans.

De 11h30 à 12h : le curé salue ses paroissiens à l’entrée du stade ! Pedro est attentif à chacun. Il pose pour la photo avec divers groupes de touristes. Ce jour-là, il part dans une famille dont le père est décédé la nuit. Retour après 13h pour un repas partagé.

Le P. Pedro est clairement un personnage charismatique et médiatique. Candidat à la succession de l’abbé Pierre ?

P. Antoine Sondag

Directeur du Service national de la Mission Universelle de l’Eglise (SNMUE)

 

Mgr Claude Schockert à Akamasoa

Mgr Claude Schockert à Akamasoa

Une visite auprès des évêques malgaches

Pour son premier voyage à Madagascar, île frappée par un cyclone par an, Mgr Claude Schockert a été impressionné par « la cité » construite sous la houlette du Père Pedro Opeka (à droite sur la photo), 65 ans, maçon de formation. Il a également vu le travail d’autres associations caritatives. Notamment celui accompli par le Jésuite canadien Jacques Couture (décédé en 1995) qui créa, avec les habitants, le Conseil de développement d’Andohatapenaka, « quartier insalubre et à forte criminalité » de la capitale. « Ce système d’entraide, précise Mgr Shockert, concerne l’éducation, la santé, une coopérative de production… » Il a aussi rendu visite aux 50 fillettes de l’orphelinat ouvert par Sœur Elsy, une religieuse indienne de la fraternité des Missionnaires de Sainte –Thérèse, à Anjomakely.

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