Réflexion des évêques suisses pour la fête nationale

pier-giacomo-grampa_cesAprès les référendums récents « contre une immigration de masse » et autres sujets délicats, comme des mouvements xénophobes contre les travailleurs frontaliers, les évêques suisses proposent une réflexion sur ce qui fait l’identité du pays, sur le rapport à l’étranger et sur comment leurs concitoyens construisent le « vivre ensemble ». Ils mettent en garde contre les « étrangers invisibles ».

Proposé par les évêques suisses à leurs concitoyens, le texte de Mgr Pier Giacomo Grampa (photo), évêque émérite de Lugano, rappelle « l’identité du peuple suisse », composée depuis toujours de langues, confessions, cultures et traditions différentes. En Suisse, nation « par volonté », se rencontrent des cultures variées : libérale, socialiste, réformée, catholique, urbaine et agraire. Les valeurs chrétiennes continuent de rester ancrées dans le peuple suisse. Mgr Grampa invite à les réactualiser: « Il faut les interpréter, en assumer la signification profonde pour l’aujourd’hui, les concrétiser surtout. »

Il importe de ne pas aborder la question de l’identité suisse naïvement. Il faut véritablement prendre au sérieux les craintes exprimées par une partie de la population, car « nier la peur revient à nier la réalité. » La manière la plus appropriée pour s’affranchir de cette peur est de faire un pas vers l’autre, à la rencontre d’une personne qu’on ne connaît pas. Dans ce cas, l’étranger. Si la volonté de connaître l’autre prime sur d’autres considérations, une perspective nouvelle s’ouvre.

La finance et les organisations criminelles, étrangers invisibles

Ceci dit, il existe des « étrangers » qu’il faut craindre : « Ce sont les étrangers « invisibles », sans visage. Il est impossible de les rencontrer, et cependant ils menacent réellement la coexistence. Ce sont des sociétés internationales de la finance qui court-circuitent des pans entiers du système économique par le seul transfert de richesses, sans pour autant en créer. Ce sont des organisations criminelles, qui recyclent de l’argent … moyennant le marché financier. » Il est vrai que ce type d’étranger ne forme pas de bouchon sur l’autoroute ni ne vole dans les maisons mais « il nous subjugue de façon plus pénétrante et sournoise, en nous dérobant la conscience et la culture. »

En proposant cette réflexion sur l’identité et la culture suisse, les évêques suisses souhaitent un heureux 1er août à tous leurs concitoyens.

Des questions de société en commun

« La Suisse n’a pas d’armée, explique le P. Antoine Sondag, Directeur du Service Nationale de la Mission Universelle de l’Eglise. Ce sont des citoyens en armes qui défendent le pays ». Certains cantons font un feu d’artifice. Les enfants des écoles défilent en portant un lumignon. On se rassemble souvent, le soir, sur la place du chef-lieu pour écouter le « chef du canton » tenir un discours sur les valeurs, l’identité de la Suisse, « une sorte d’homélie laïque ». Il ajoute : « Le texte des évêques de Suisse peut être lu par un Français qui en fait son sujet de réflexion… Identité, étranger, peur, valeurs, vivre ensemble : autant de thèmes débattus (souvent mal) en France au moins autant qu’en Suisse ».

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