Logement des jeunes : Des voix et des actions prophétiques

La 2ème rencontre des Acteurs du logement étudiants et jeunes professionnels en Eglise, le 23 mai 2012 à Paris, a permis d’échanger bonnes pratiques et questionnements autour de cet enjeu citoyen et pastoral.
 
S’il est un domaine où « depuis bien des années l’Eglise est sur le terrain du fait de sa tradition d’hospitalité, de solidarité et d’accompagnement des personnes » tout en étant invitée à « être créative et audacieuse pour de nouvelles initiatives » face à la crise, c’est bien celui du logement, a témoigné Sœur Nathalie Becquart, directrice du Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations (SNJEV) à compter du 1er septembre 2012. Esquissant un panorama du « mal logement » (12% d’étudiants logés dans des conditions insatisfaisantes, 5, 5% seulement en CROUS, certains à la rue…), elle a expliqué combien la réponse de l’Eglise dépasse la résolution d’un problème social : « Il n’est pas seulement question d’habitat mais d’accompagnement à l’autonomie, à l’indépendance, de la construction d’une vie de jeune adulte ».

Une approche anthropologique et théologique puisée aux sources de la Bible et des Pères de l’Eglise, tel fut le cœur de la conférence de Carême 2012 à Paris « Logement : quelles réponses durables à la crise » du Père Jacques Trublet, jésuite, dont une vidéo fut projetée aux 80 participants, responsables ou animateurs de foyers et résidences liés à des paroisses, des aumôneries ou des instituts religieux. « Habiter et avoir dérivent de la même racine (en latin habere et habitare). […] Loger désigne une fonction utilitaire, alors qu’habiter évoque tout un monde de souvenirs ou la note personnelle que chacun imprime au lieu où il réside », explique le Père Trublet. Il rappelle que « La tradition judéo-chrétienne n’est point restée au bord du chemin. Tant dans les temps anciens que dans notre monde actuel, des voix se sont élevées contre ce qui portait préjudice à ce droit fondamental ». Et de citer le Décalogue : « Tu n’auras pas de visées sur la maison de ton prochain », Basile de Césarée : « Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison et joignent champ à champ jusqu’à ce qu’ils empiètent sur le voisin…», Isaïe s’en prenant à la spéculation immobilière : « Malheur ! Ceux-ci joignent maison à maison, champ à champ, jusqu’à prendre toute la place et à demeurer seuls au milieu du pays »… Mais aussi l’Abbé Pierre et son « cri prophétique » du 1er février 1954, Habitat et Humanisme créé par le prêtre lyonnais Bernard Devert, le rapport de la Commission sociale de l’Épiscopat Un logement pour tous, etc. « Notre Église doit plus que jamais parler et agir » insiste le théologien.

Après la présentation de quelques initiatives puis des échanges en ateliers pour dégager convictions, difficultés et clés de réussite, la journée a été conclue par le Père Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire adjoint de la Conférence des Évêques de France : « Ce que les jeunes cherchent le plus, c’est de tisser des relations vraies. Et nos lieux le permettent ».
 

La charte de la Jéri’ coloc à Toulouse

Lancé par la Pastorale étudiante de Toulouse, le projet de co-location d’étudiants chrétiens est en train d’essaimer. Ses objectifs sont communs à la majorité des initiatives : développer une vie communautaire, promouvoir le sens de l’engagement par un service concret, aider les jeunes à grandir humainement et spirituellement. Ses règles de vie spécifiques : la fraternité (dîners communs réguliers), la prière (hebdomadaire avec tous), le service (maraudes, services à la paroisse voisine…) et un accompagnement (par un religieux ou un laïc). « Nous avons soif d’un quotidien ancré dans la profondeur et un partage qui aille au-delà de celui d’une cuisine ou d’une douche », a commenté Raphaëlle, co-locatrice sur Paris.

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