Visages et témoignages d’aumôniers militaires

Le diocèse aux Armées françaises compte deux cent vingt-huit aumôniers militaires, dont cinquante-neuf laïcs (hommes et femmes), cent quarante prêtres et religieux et vingt-neuf diacres permanents. Rencontre avec quatre de ces aumôniers, militaires sans grade, à l’occasion du 55e Pèlerinage militaire international à Lourdes, du 24 au 26 mai 2013.
 

Sandrine Galvez : « Les personnes ont un sens éthique prégnant »

Sandrine_Galvez

« J’ai beaucoup de joie à servir et à vivre ma vocation de laïque en responsabilité », témoigne Sandrine Galvez, 43 ans, aumônier de l’hôpital des instructions des Armées Bégin (HIA) à Paris, depuis trois ans. Sa mission ? Soutenir les personnes hospitalisées et leurs familles, accompagner spirituellement le personnel civil de défense et le personnel militaire. « La qualité relationnelle de la communauté chrétienne qui m’est confiée, ainsi que la qualité militaire me touchent beaucoup. Les personnes ont un sens éthique prégnant, un sens des responsabilités et de l’engagement. Elles réalisent leur vocation humaine et c’est, pour moi, un point d’appui dans un chemin spirituel. Les notions de fidélité, de sacrifice, de combat spirituel entrent en grande résonnance. Et puis le service de santé des Armées est une force au service des hommes et de toute l’humanité. En Afghanistan*, le service soigne tout le monde, y compris les insurgés. Ça interpelle. » La Madre, ainsi que certains l’appellent affectueusement, présente au Seigneur les angoisses, les colères et les souffrances des personnes qu’elle rencontre. Elle veille parfois jusqu’à leur dernier souffle. Heureuse de la confiance qui lui est accordée pour être témoin du Christ dans ce milieu particulier, elle reconnaît qu’une grâce de paix lui est donnée. « Le texte Gaudium et Spes, ou révéler à tout homme et femme sa vocation d’enfant de Dieu est le fil conducteur de mon engagement. C’est ma boussole ! »

* les aumôniers militaires laïcs ne sont pas envoyés en opérations extérieures.

P. Blaise Rebotier : « Nous sommes prêtres et nous sommes l’un deux »

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« Ma vocation s’est épanouie alors que j’étais jeune sous-officier. Avant d’entrer au séminaire, j’avais déjà choisi de me mettre au service du diocèse aux Armées. Je sens que je peux avoir là une action efficace », confie le P. Blaise Rebotier, prêtre depuis dix-neuf ans et aumônier militaire depuis seize ans. Après avoir été envoyé auprès de différents régiments de parachutistes (artillerie, hussards, Légion étrangère), le P. Blaise Rebotier est aujourd’hui, à 46 ans, recteur de la cathédrale Saint-Louis des Invalides (Paris) et directeur du Pèlerinage militaire international à Lourdes (PMI). Pour lui, l’aumônier militaire a « la chance d’être plongé au cœur de la vie des gens, d’être planté dans leurs quotidiens. Nous avons beaucoup de liberté pour approcher les personnes. Nous sommes prêtres et nous sommes l’un deux ». S’il constate que les militaires nouvellement recrutés ont une culture religieuse de plus en plus absente, le P. Rebotier témoigne néanmoins de sa joie de rencontrer des personnes qui découvrent la foi et l’Église, de voir aussi des solidarités se vivre concrètement au sein des communautés. « Nous parlons le vocabulaire commun du service. De nombreuses valeurs sont faciles à transmettre, il suffit de nommer ce qu’ils expérimentent sur le terrain, en Afghanistan ou au Mali. Là, risquer sa vie n’est pas un vain mot. »
 

P. Miguel Roland-Gosselin, s.j. : «Comme religieux, j’apporte ma contribution»

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« Mon métier consiste à essayer de susciter des charismes chez les jeunes et à les aider à évangéliser eux-mêmes le campus, à mobiliser les énergies qui germent, à tirer le meilleur parti de ce qui veut se donner », explique le P. Miguel Roland-Gosselin, s.j., 54 ans, aumônier de l’École polytechnique et de la Direction générale de l’armement (DGA). Depuis qu’il a rejoint le diocèse aux Armées, il y a sept ans, le P. Roland-Gosselin se fait un devoir, c’est aussi sa conception de la vie religieuse, de « plonger à fond dans la vie diocésaine ». Aussi coordonne-t-il les Journées Mondiales de la Jeunesse pour le diocèse aux Armées, en collaboration avec les Jésuites. Au quotidien, à l’X, il vit surtout sa mission d’aumônier d’étudiants, comme celle d’un prêtre qui soutient une communauté et chacun individuellement. Il visite également le site de Bagneux qui compte près de 4000 personnels civils et militaires. Là, il propose des « causeries catéchétiques. Parfois les questions éthiques s’invitent. Des personnels qualifiés, mutés à la DGA me téléphonent. Ils ont des états d’âmes à fabriquer des armes et se demandent si c’est moralement convenable. » Enfin, le P. Roland-Gosselin aime rencontrer les aumôniers des régiments alentours. « Les figures sont très diverses. Comme religieux, j’apporte ma contribution. Cette grande variété d’hommes et de femmes, presque improbable, est bien conduite par une impulsion évangélique forte : c’est une très belle expression d’Église ».
 

P. Benoist Galvan : « On partage des moments intenses »

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« Je m’adapte en fonction des missions. En Opex [opérations militaires extérieures], le rôle de l’aumônier est le plus sensible. J’apporte un soutien spirituel et plus largement humain aux militaires sur le terrain », explique le P. Benoist Galvan. Après dix années de service auprès des Chasseurs Alpins, le P. Benoist Galvan, 42 ans, est aujourd’hui affecté au 1er régiment étranger d’Aubagne et au 4e régiment de dragons de Carpiagne. D’un côté, il partage le quotidien des services administratifs de la Légion étrangère : un régiment marqué par la diversité des personnes et des expériences de vie, avec plus de cent nationalités différentes. Présent à tous, il est particulièrement attentif aux malades et aux apatrides. Militaire sans grade, l’aumônier entretient des relations personnelles, sans ordre, ni contrôle, ni bien-être logistique, simplement gratuites. D’un autre côté, il vit au rythme du régiment de char de combat, accompagne les escadrons à l’entrainement de tir, court les cross, et peut partir en mission. Au total, le P. Galvan est déjà parti l’équivalent de trois ans en opérations sur des zones de conflit, dont deux ans en Afghanistan. « On peut passer des heures dans un véhicule blindé sans bouger, en observation, mais on partage des moments intenses. La mort est présente partout. La pauvreté et la joie de vivre des populations posent des questions fortes et obligent à se repositionner sur des valeurs autres que matérielles. »

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