Jubilé de la basilique Saint-Augustin d’Hippone

Plusieurs centaines de chrétiens se sont rassemblés à Annaba, dans l’Est de l’Algérie, pour célébrer, les 2 et 3 mai 2014, le centenaire de la basilique Saint-Augustin. L’édifice, qui a vu un important chantier de rénovation s’achever en octobre dernier, se prête particulièrement au dialogue interreligieux. Mgr Ghaleb Bader, archevêque d’Alger (à gauche sur la photo) partage son regard.

Qu’est-ce qui a caractérisé les travaux de rénovation de la basilique ?

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Le maître d’ouvrage, Dominique Henry, a précisé : « Exposée aux sels marins et aux sels sulfureux de l’environnement industriel dans lequel elle se trouve, la basilique a exigé des travaux plutôt classiques, comme ceux d’une vieille maison qui n’a pas été entretenue pendant 130 ans ». À l’image de la basilique Notre-Dame d’Afrique à Alger, la basilique ou « Lala Bouna », comme l’appellent les Algériens, a fédéré la France et l’Algérie autour de sa rénovation. De nombreux partenariats ont été noués, de nombreux donateurs (institutions, entreprises privées et publiques) se sont mobilisés. Les 140 vitraux de la basilique ont nécessité un important travail de restauration. Ils sont d’une grande finesse et d’une grande richesse chromatique ! Il existe une série, absolument magnifique, de verrières peintes retraçant la vie de saint Augustin. Le nouvel orgue a été inauguré ce samedi 3 mai. Il accompagnera la prière des chrétiens. Des concerts pourront y être organisés. La musique demeure une valeur universelle où chacun se retrouve. Les enduits refaits donnent une luminosité nouvelle à l’édifice qui resplendit de près comme de loin, lumière ou phare sur cette colline à l’entrée de la ville.

Dans quelle histoire l’édifice s’inscrit-il ?

En 1839, Mgr Dupuch, évêque d’Alger, admirateur de saint Augustin et grand amoureux d’Hippone voulait redonner à la ville sa gloire de l’Antiquité et jeter les fondations d’un ensemble : basilique, bibliothèque, monastère et maison d’accueil. Cependant le chantier commença bien plus tard, avec le cardinal Lavigerie, archevêque d’Alger. La première pierre fut posée en 1881 et la basilique consacrée en mars 1900. Elle est dédiée à saint Augustin (354 – 430), l’enfant de Numidie devenu évêque d’Hippone. S’il est né à Thagaste (Souk Ahras) et décédé à Hippone, il a pourtant longtemps été considéré comme un suppôt de l’impérialisme romain. Il faudra attendre 2001 pour qu’il soit « officiellement » réhabilité par le Président Abdelaziz Bouteflika qui lui consacre alors un colloque international.

Quels ont été les temps forts de ce jubilé ?

Ce fut d’abord la visite du cardinal Jean-Louis Tauran, Président du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux, envoyé spécial du Pape François, et qui fut reçu par les autorités civiles et religieuses et qui a donné une première conférence avec le Ministre des Affaires religieuses sur le dialogue interreligieux. La célébration du jubilé a commencé par une marche de pèlerins venus des quatre coins du pays en direction de la basilique, du pied de la colline : six étapes étaient marquées pour un temps de silence, de prière, de méditation sur les pensées de saint Augustin. L’eucharistie a rassemblé des centaines de chrétiens et montré le visage de l’Église en Algérie dans sa diversité, son universalité. Quelques musulmans étaient aussi présents ainsi que la presse. Outre le card. Tauran, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et Président de la Conférence des évêques de France, le nonce apostolique Thomas Yeh Sheng Nan, des évêques d’Algérie, et des représentants des ministères algériens des Affaires religieuses et des Affaires étrangères présents. Ce fut un moment fort pour tous. Une deuxième conférence sur le dialogue interreligieux, animée par le Dr. Abderrezak Bensalah et le card. Jean-Louis Tauran a eu lieu le vendredi après-midi en présence d’Imams et d’une nombreuse assistance.

Que retenez-vous des échanges initiés autour de ce jubilé ?

Je retiens surtout les interventions fortes du Card. Tauran, dans son homélie et ses conférences. Ses paroles sont un véritable encouragement pour les chrétiens d’Algérie à vivre leur foi en étant ouverts au dialogue interreligieux, à persévérer dans l’amitié avec la communauté musulmane, majoritaire dans ce pays. Je reprends ses mots : « Oui, ces pierres expriment mieux que les mots la volonté d’une communauté chrétienne de demeurer fidèle à sa vocation interreligieuse, désireuse de continuer à vivre et à travailler avec ses amis pour le bien commun de la société algérienne. Une église, comme une mosquée, a pour vocation aussi de nous garder proches de Dieu ».

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